Et si on se décidait à réutiliser nos canaux et nos fleuves pour le transport des marchandises ?

Publié le par europe ecologie du verdunois

canal meuse

Le transport est devenu une composante incontournable de presque toute activité moderne : en un siècle et demi, les échanges de marchandises ont été multipliés par 1.000 à la surface du globe.

 

Cette croissance est essentiellement supportée par le transport maritime, premier vecteur des échanges internationaux, suivi de près par le transport routier.

 

 

 


 

En France, les poids lourds par leur flexibilité, leur rapidité et donc leur rentabilité sont depuis de nombreuses années le maillon central du transport de marchandises : ils assurent 80% des échanges commerciaux. Mais ces activités ont des impacts importants sur la consommation d'énergie comme sur les émissions de GES et de polluants (NOx, particules). Ces paramètres dépendent fortement de l'organisation de la chaîne logistique mais aussi des choix technologiques et des modes de transports.


C'est pourquoi dans un contexte où changement climatique et hausse des prix de l'énergie sont devenus des réalités, de nombreux industriels engagent une réflexion pour recourir à des solutions nouvelles tant organisationnelles que technologiques.

Grâce à ses atouts techniques, économiques et écologiques, le transport fluvial est l'une de ces solutions.

 

 

A titre d'exemple, les Exploitants du Déchet plébiscite aujourd'hui ce mode de transport.  S'il ne représente que 20% du trafic fluvial total pour l'instant, le transport des déchets par voie d'eau présente un important potentiel de développement car il s'avère bien adapté. Sur le plan technique, la voie d'eau offre une capacité de transport en volume et en charge supérieur aux autres modes : une flotte adaptée peut transporter jusqu'à 5.000 tonnes en un seul trajet et remplacer 250 camions de 20 tonnes chacun. Économiquement cette solution peut être avantageuse selon le type de bateau utilisé : en convoi poussé regroupant plusieurs barges, le transport de 1.000 tonnes de déchets coûte entre 8 et 22€ le km alors que la même quantité de marchandise transportée en camion peut coûter entre 22 et 53€ le km parcouru.


Sur le plan écologique, les intérêts sont également probants. Le transport d'une tonne de déchets par voie d'eau consomme 4 fois moins d'énergie que par camion. Les émissions de CO2 et d'autres polluants atmosphériques sont donc réduites d'autant.

Plusieurs producteurs de déchets ont déjà opté pour le transport fluvial notamment en Ile-de-France. C'est le cas notamment du Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères (SYCTOM) de l'agglomération parisienne qui traite et valorise les déchets ménagers de plus de 5 millions d'habitants. Depuis plus de 10 ans, le syndicat cherche à privilégier les transports alternatifs à la route et fait aujourd'hui transporter des mâchefers, en provenance d'usine d'incinération vers des centres de traitement, des papiers/journaux issus de la collecte sélective et destinés à être recyclés, des déchets encombrants issus des ménages, des gravats provenant des déchetteries municipales…

 
En 2010, les mâchefers représentent 61% des déchets transportés par voie fluviale en Ile-de-France.

 

Le transport de ferraille y génère également chaque année quelques 300.000 tonnes de trafic fluvial et fluvio-maritime. La voie d'eau est en outre largement utilisée dans le transport de déchets issus de chantiers de démolition, construction ou réhabilitation. Ces derniers sont acheminés vers des plates-formes de regroupement, souvent des ports de transit et étapes relais avant leur transfert vers des unités de recyclage, des centres d'enfouissement ou de traitement. Les déblais d'importants chantiers franciliens ont été évacués par fleuve, comme par exemple les 130.000 tonnes du chantier du Stade de France ou les 560.000 m3 de terres issues des travaux d'ISSEANE.


Mais le Port autonome de Paris chargé de la gestion et du développement d'installations portuaires en Ile-de-France explore de nouvelles pistes notamment le transport des ordures ménagères par conteneurs comme c'est déjà le cas à Londres ou aux Pays-Bas ou encore la réalisation d'un réseau de déchetteries flottantes pour récupérer les déchets encombrants des ménages.

À l'heure actuelle, la France possède 8.500 km de voies navigables et six bassins principaux dont cinq structurés par des voies à grand gabarit (la Seine, le canal Dunkerque-Escaut, le Rhône et la Saône, la Moselle et le Rhin). Le sixième bassin constitué de la Garonne, du canal latéral de la Garonne, du canal du Midi et du canal de la Robine est relié au Rhône par le canal du Rhône à Sète. Depuis une dizaine d'années, la navigation intérieure a enregistré une progression sensible de son activité sur le territoire national : +34 % en terme de prestation (t-km) et +8% en volume (tonnages). Le transport par voie d'eau a ainsi atteint en 2010 plus de 70 millions de tonnes de marchandises transportées.

 

Philippe Dehand

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